Tous les hommes n’habitent pas le monde de la même façon

Jean-Paul Dubois a remporté le prix Goncourt 2019 grâce au livre Tous les hommes n’habitent pas le monde de la même façon. La qualité des descriptions et la réflexion qu’il entraine sur la justice sont autant de raisons qui me poussent à vous recommander cette lecture.

Dans ce livre, Jean-Paul Dubois nous raconte l’histoire de Paul

Hansen, incarcéré à la prison de Bordeaux, établissement pénitentiaire de Montréal, au Canada.

Le roman alterne entre sa vie de détenu et son passé, situé entre Toulouse, en France, Skagen, au Danemark, et Thetford mines au Canada. Ces aller-retours entretiennent la tension du récit. Ils montrent aussi l’évolution entre différentes époques. Toulouse de la fin des années soixante est foncièrement différente du Canada de 2008, début du séjour en prison de Paul Hansen. C’est l’opposition et les liens entre ces périodes qui structurent la fiction.

J’ai été marqué par la qualité des descriptions. L’auteur réussi à restituer des sensations physiques provoquées par la vie en prison : « L’enfermement a une odeur déplaisante. Des remugles de macération de mauvaises pensées, des effluves de sales idées qui ont traîné un peu partout, des relents aigres de vieux regrets. L’air libre, par définition, n’entre jamais ici. ». Il évoque également l’impact psychologique de telles conditions : « C’est alors que l’on prend la mesure de ce qu’est une peine de prison. Une incapacité chronique à s’évader, ne serait-ce que le temps d’une marche en compagnie des morts. »

Un peu plus loin, c’est une métaphore qui rendrait presque jolie la dureté de la vie. « Je ne parle pas souvent de ma mère. Peut-être parce que je n’ai jamais su pourquoi elle avait prématurément quitté l’orchestre. Sur sa table de nuit, une longue partition médicamenteuse, une cantate de molécules savamment dressées pour faire taire les battements des cœurs, et rien d’autre, pas même une note de bas de page adressée à son compagnon suisse, son ex-mari danois où son fils hexagonal. »

Au cours de cette lecture je n’ai pu m’empêcher d’éprouver de l’empathie pour le narrateur, Paul Hansen. Ce sentiment provoque une réflexion sur la façon dont la justice est rendue. La victime peut-elle être coupable, et réciproquement ? À vous de vous faire votre idée.

Bonne lecture et cultivez-vous !

Keywords
Τυχαία Θέματα